• "The Constant Gardener" de Fernando Meirelles ("La Cité de Dieu"):

    Synopsis:   Un diplomate enquête sur la mort de sa femme, une jeune militante qui menait une étude sur l'industrie pharmaceutique...

    Critique:   Réalisé tel un documentaire aux couleurs saturés, "The Constant Gardener" est un cri de vérité poignant sur la cruauté des sociétés pharmaceutiques.

    En effet, ce film coup de point, tiré du roman de John Le Carré, est une critique du monde économique et politique moderne, où la toute puissance de l'argent efface le moindre soupçon de déontologie et d'humanité.L'industrie visée ici, n'est rien de moins que les entreprises pharmaceutiques qui utilisent pour leurs besoins personnels des hommes qui n'ont rien demandés.C'est très bouleversant.

    Contrastes saturés (la photographie est de toute beautée) et caméra à l'épaule, imposent ici toute la personnalité du très bon réalisateur du remarquable "La Cité de Dieu", Fernando Meirelles.Le résultat est sensationnel et donne au film un cachet documentaire "presque" pris sur le vif, qui accentue les émotions que l'on ressent à la vision de cette oeuvre engagée.C'est de la sorte assez remuant et surtout très percutant, surtout lorsque le montage se fait chevaucher passé et présent selon la situation.Un travail remarquable d'audace et très maitrisé.

    Ralph Fiennes ("Dragon Rouge", "Harry Potter 4"...), Rachel Weisz ("La Momie", "Stalingrad"...) et Hubert Koundé, sont les acteurs très crédibles de ce casting trois étoiles.Leurs interprétations sont hors normes et jamais, au combien jamais, aucun faux pas ne viens ternir leurs magistrals compositions.

    Au final, cette oeuvre très engagée, aux acteurs impliqués et à la réalisation caméra à l'épaule très documentaire, fait office d'electrochoc, tant le propos ne peut laisser indifférent.Une bombe.

    (4G)(4C-Alberto Iglesias avec une partition à la fois très mélancolique, portée par des choeurs sublimes et percutante.Le résultat est très efficace-)(4T-quelques plans larges à la définition moyenne-)

    Allemagne-Grande Bretagne/Couleurs/2005/123'/Studio Canal Vidéo-Universal Music/1 DVD-9/VF et VO D.D 5.1 et 2.0/Disponible depuis le 06 juillet 2006.


  • "Annapolis" de Justin Lin ("The fast and Furious: Tokyo Drift"):

    Synopsis:   Un jeune homme d'origine modeste intègre l'école militaire la plus réputée des Etats-Unis où il tente de mettre en avant ses talents de boxeur...

    Critique:   Mélange de "Rocky", de "Officer and a Gentleman" et de "Top Gun", "Annapolis" est un très bon divertissement hollywoodien qui tiens en haleine du début à la fin.

    L'histoire est au départ plutôt basique, avec un jeune homme d'origine modeste qui intègre l'école militaire la plus réputée des Etats-Unis, mais elle bifurque sensiblement, lorsque l'élève décide de mettre en avant ses talents de boxeur pour remporter la coupe des brigades.Ce rebondissement est agréablement innovant et innatendu (même la Bande Annonce n'en parle pas c'est dire la surprise).

    Le scénario très bien mené, va ainsi nous montrer des cours scolaires, des remontrances disciplinaires, des entrainements sportifs, des matchs de boxe.L'on retrouve également les stadent par lesquels les élèves passent dans ce genre de production, c'est à dire la persévévance, le courrage, la discipline, la colère (sentiment reffoulé), la rancune, l'amour.C'est simple et pas vraiment original, c'est vrai, mais cela permet, à nous, spectateurs, de passer par plusieurs émotions bien distinctes.Le charisme des jeunes acteurs n'y est d'ailleurs pas étrangé.

    En plus d'être particulièrement crédibles (James Franco démontre encore une fois son talent, Tyrese Gibson nous joue un personnage très impresionnant et la très belle Jordana Brewster est le touche de douceur dans ce monde de brute), les acteurs, pour la plupart de futur grands, comme l'excellent James Franco ("Spiderman 1 & 2", "Tristan & Iseuld") sont très charismatiques.L'on ne peut de la sorte que s'attacher à leurs aventures/mésaventures, et même s'y identifier, surtout que la galerie de personnages est bien diversifié (un jeune homme d'origine modeste, un petit grassouillé au coeur gros comme ça, un instructeur intransigeant, un asiatique un peu personnel...).

    La réalisation de Justin Lin est du genre hollywoodienne léchée.La mise en scène n'est donc pas vraiment personnelle, mais est toujours appliquée.Les plans sont ainsi toujours bien cadrés, la photographie (un filtre ocre présent tout au long du métrage) est chaleureuse et le montage, qui s'aide parfois d'accélérés (pendant les scènes de style vidéo-clip notamment) montre ce qu'il faut lorsque le script le demande.Aucune faute de goût à déceler donc.Notons, que pendant les matchs de boxe, le montage est plus vif et que la caméra est au plus près des combattants, ce qui permet de ressentir les coups encaissés (merci aussi aux impacts sonores très travaillés).Cette réalisation est vraiment judicieuse, car son côté classique appliqué, sied à merveille à l'univers du métrage, et lui donne un cachet réel non négligeable.

    Au final, "Annapolis" est un film de boxe atypique, car se situant au sein de la plus grande école militaire des Etats-Unis (changez les scènes de F-16 dans "Top Gun" par de la boxe ici).L'histoire au rythme soutenu, est prenante, mais n'évite pas les clichés du genre (déroulement de l'intrigue: intimidation, découragement, persévérance et camaraderie), néanmoins ce n'est rien, surtout par rapport à la qualité certaine de l'interprétation et de la réalisation.Une bonne surprise que je conseil au plus grand nombre.

    (4G)(4C-le savoir-faire orchestral de Brian Tyler, est encore une fois indéniable, avec des morceaux puissants et très évocateurs, et les thèmes pour piano, devenus la marque de fabrique de Tyler, sont très efficaces-)(4T-images légèrement granuleuse et peu contrastées-)

    USA/Couleurs/2006/103'/Touchstone/DVD-9/VO D.D 5.1/Sous-titres français et espagnols/Disponible depuis le 26 juin 2006 en DVD Zone 1.

    La Bande Annonce:http://www.apple.com/trailers/touchstone/annapolis/

    Le site officiel: http://annapolis.movies.com/


  • "Casshern" de Kazuaki Kiriya:

    Synopsis:   Dans un futur utopique dominé par quelques superpuissances perpétuellement en guerre, un savant (Akira Terao) invente un procédé permettant aux cellules de se reconstituer, et donc aux soldats morts à la bataille de revenir à la vie. Mais lorsque l'expérience dégénère, donnant naissance à une nouvelle race de mutants, le commanditaire du projet panique et ordonne que ceux-ci soient éliminés. Les rares rescapés du massacre, plus morts que vifs, parviennent à un château caché dans les montagnes à partir duquel ils lancent une armée de robots sur ceux qui sont désormais leurs ennemis mortels : les Humains. Pour les contrer, l'homme responsable de leur création fait subir le même traitement à Tetsuya, son fils mort au combat. Nanti de pouvoirs surhumains et d'une armure qui empêche son corps de se désagréger, Tetsuya part à la rencontre des mutants alors qu'autour de lui, les hommes continuent de s'entre-déchirer. Un nouveau héros est né : Casshern...

    Critique:   "Casshern" est un film remarquable, de part le fait, que c'est un film "live" qui a le goût et l'odeur d'un film d'animation, mais aussi parce que son scénario, très ambicieux, est d'une audace affolante.

    Tout d'abord le film possède un visuel à la réussite indéniable (le design steampunk/manga touche au jamais vu dans un long métrage).Kazuaki Kiriya, dont c'est le premier film, n'est pas que le réalisateur, il signe également sur son métrage, la photographie, le montage (le scénario aussi, mais nous y reviendrons plus tard), et créé un style visuel absolument unique, qui n'a jamais été vu auparavant (comme quoi le cinéma peut encore surprendre, visuellement parlant).La photographie est ainsi l'une des plus belles et audacieuse qui m'est été donné de voir sur grand écran.L'on retrouve entre autres des séquences entières avec un effet de flou "vertical", du noir et blanc granuleux (lors des flash-backs, mais pas uniquement), des couleurs extrèmement saturés, j'en passe et des meilleurs.

    Le réalisateur a également eu la bonne idée de mélanger plusieurs techniques d'animations, comme des dessins et des scènes (très courtes) en patte à modeler, qui, s'intègrent parfaitement au reste, tant visuellement que narrativement.L'ensemble de la réalisation n'est pas en reste, les prises de vue sont très recherchés (certaines donnent le vertige de part leurs profondeurs), les mouvements de caméra très nombreux (tous le film presque) sont impressionnants (travellings rotatifs) et le montage (très cut parfois, mais c'est recherché) qui alterne ralentis, accélérés et effets très manga derrière les protagonistes, rend le tout, tout à fait cohérent.Vous l'aurez donc compris, sur un plan visuel, "Casshern" est d'une perfection esthétique rare.D'un point de vue strictement formel, le film est une parfaite réussite.Kiriya arrive ainsi à utiliser toutes les ressources de l'imagerie numérique avec très grand brio, mais, de plus, la direction artistique est époustouflante, et l'on a plus d'une fois l'impression d'assister à un rêve éveillé (les images sont d'un symbolisme rarement atteint, même dans les mangas).

    Ce sentiment est renforcé par la partition somptueusement hypnotique (et toujours omniprésente) de Sagisu Shiromusique, qui tutoie l'excellence à plusieurs reprises (le thème principal ne quittera jamais votre esprit).Il est par contre, un peu dommage que cette musique hors du commun, laisse de temps à autres sa place à du métal/techno (pendant les scènes d'actions), d'un très bon niveau c'est vrai (particulièrement rythmé et entrainant), mais un peu en déça du reste.La musique dégage ainsi, une émotion prodigieuse, quand elle n'est pas là pour marier l'action qui se déroule devant nos yeux.

    Justement, soit dit en passant, les scènes d'action sont gigantesques (c'est vraiment du jamais vu) et ne sont là que pour appuyer le propos et donc le scénario (d'une très grande audace, mais nous y reviendrons).Certaines séquences sont de la sorte, directement anthologique, à l'instar de celle-ci où Tetsuya / Casshern décime une armée de robots à lui tout seul dans un déchaînement visuel seulement égalé par la furie de la chorégraphie.Le final apocalyptique et monumental, n'est d'aillleurs pas sans nous rappeler le formidable final de "Appleseed".Toutes ces scènes d'actions sont d'un dynamisme qui forcent le respect.

    Les acteurs, d'un bon niveau global, même si parfois un peu fade, sont en véritables osmoses avec leur rôle (le leader des mutants est d'un charisme ravageur) et font passer une très grande émotion, ce qui, avec l'alliance des images mélancoliques et de la musique prodigieuse, fait que le film est très souvent bouleversants (trois scènes sortent du lot: -lorsque les mutants découvrent le chateau -la scène entre Luna et Casshern après son affrontement contre les robots et le leader des mutants -la fin).

    Vous auriez pu croire, mais à tord, qu'un film aussi visuel serait creux d'un point de vue scénaristique.Mais comme expliqué plus haut, le film ne se limite pas à une suite de belles images entre deux scènes (énormes et inoubliables) d'action : le scénario, très ambitieux, brasse quantité d'idées et de thèmes différents, qui seront difficiles à comprendre et à suivre de part son foisonnement.

    En effet, le scénario est très dense (le film dure tout de même 2h21), et brasse enre autres, des références telles que la créature de Frankenstein (les mutants), la culture celtique (une référence certaine au chaudron de Dagda qui ressuscite les morts), la filiation, la mort...Certains pourront penser que de temps à autres des trous narratifs sont présents, pourtant il n'en est rien, et l'on peut y voir à plus d'une reprise la main de dieu.Explications (-Attention Spoiler-): l'eclair qui permet de faire revivre les morts est un coup de pouce certain de "Casshern", le nom du dieu protecteur dans le film (pas le héros attention) , le chateau donné aux mutants est également un présent de ce dieu.L'on peut ainsi comprendre, que "Casshern" ayant abandonné ses humains, à cause de leurs bétises pendant la guerre, désire aider ces mutants, pour remettre de l'ordre dans ce monde.Mais il interviens à d'autres moments et avec d'autres personnes pour réaliser ses désirs...(je m'arrète là pour ne pas trop spoiler).

    Le traitement des personnages est également profondément réussi, refusant tout manichéisme idiot.Brai, le méchant en chef dont le but est tout de même d'éliminer les Humains de la surface de la terre, veut en fait tout simplement supprimer la guerre. Ses lieutenants, même s'ils ont peu de scènes, ne sont pas de simples pantins et ont un background assez construit. Le personnage du père de Casshern foncièrement bon, a des méthodes douteuses.Casshern lui-même a un passé pour le moins ténébreux...C'est tellement rare, que cela devait être dit.

    Au final ce manga-live visuellement hors du commun, est un pur chef-d'oeuvre, mélancolique et profondément bouleversant, à ranger au côté des autres chef-d'oeuvres de la science-fiction que sont "Metropolis", "2001, l'odyssée de l'espace" et "Blade Runner".La patte "Casshern" ne quittera jamais notre mémoire.

    (5G)(5C-Sagisu Shiro-)(4T-le rendu de la photographie vraiment difficile n'est pas toujours au top-)


    Japon/Couleurs,NB,Sepia/2004/142'/StudioCanal Video-Universal Music/1 DVD-9 et 1 DVD-5/VF D.D 5.1 EX; VO D.D 5.1 EX et DTS ES Matrix mi-débit/Disponible depuis le 10 juillet 2006.


  • "Superman Returns" de Bryan Singer ("Usual Suspect", "X-Men 1 & 2"...):

    Synopsis:   Alors qu'un ennemi de longue date, Lex Luthor, tente de l'affaiblir en lui dérobant tous ses superpouvoirs, Superman doit faire face à un problème d'un autre genre : Lois Lane, la femme qu'il aime, est partie mener une nouvelle vie loin de lui. Mais l'a-t-elle vraiment oublié ? Le retour de Superman sera donc ponctué de nombreux défis puisqu'il devra se rapprocher de son amour tout en retrouvant sa place au sein d'une société qui semble ne plus avoir besoin de lui. En tentant de protéger le monde qu'il aime de la destruction totale, Superman se retrouve au centre d'une aventure incroyable qui le mènera des fonds de l'océan à des milliers d'années lumière de notre galaxie...

    Critique:   Bryan Singer avait une très lourde tache, continuer et réussir la franchise Superman, qui était devenu vraiment mauvaise après deux épisodes ridiculement Kitsch ("Superman III & IV"), qui faisaient suite à l'une des meilleurs adaptations de super héros qui soit.Mission accomplie, car en plus de nous replonger avec délectation dans l'esprit des deux premiers films, Bryan réalise rien de moins qu'un pur phantasme de fan, comme Peter Jackson avec son "King Kong"."L'homme d'acier" est donc de retour pour le meilleur, et non pour le pire.

    Avec un esthétisme irréprochable (des effets spéciaux incroyables, des décors pseudo rétro/moderne séduisants, une photographie sublime -les couleurs des plans poétiques font réver- et une mise en scène appliquée qui alterne gros plan et plan large -lors des virées en plein ciel de Superman- dans un montage percutant lors des scènes à gros spectacle et plus calme lors des moments dialogués), Bryan Singer préfère se focaliser sur les relations humaines des personnages, plutôt que sur les scènes d'actions à outrance.Elles sont tout de même bien présente et d'un rare gigantisme, il n'y a qu'a voir la scène du sauvetage de l'avion, où l'émergence d'un nouveau continent pour s'en convaincre, mais le réalisateur ne s'en sert pas gratuitement (un peu comme dans les deux premiers "X-Men").Ce choix est plus que judicieux (le dosage entre scènes intimistes/actions est très bon), car l'on ne peut que s'attacher à ce super héros que Bryan Singer semble aimer plus que tout (l'on sent les yeux du fan posés derrière la caméra, l'intro est d'ailleurs un super clin d'oeil au film de Richard Donner).

    En effet, le héros qu'il nous présente en multipliant les références christiques (l'unité entre le père et le fils, le sauveur revenu sur terre pour laver les pêchés de l'homme...) et mythologiques (une séquence ou Superman porte un globe, tel Atlas...), est plus que jamais une icône, que l'on se surprend, à adorer (Superman étant pourtant à la base bien lisse).Son déguisement (Clark), n'est pas oublié et est comme à son habitude, toujours aussi "gauche" (surtout lorsqu'il est avec Loïs Lane).

    Le jeune Brandon Routh, y est d'ailleurs pour quelque chose dans cette alchimie.Pour sa première apparition sur grand écran, c'est un coup de maître.Touchant en Clark maladroit et puissant en Kal-El, son interprétation (un peu limité à cause de son personnage) est juste et toujours dans le ton (un futur grand?).Il nous fait, de plus, penser à plusieurs reprises à Christopher Reeve (le film est dédié à lui est à sa femme).L'ensemble de la direction d'acteurs est du même niveau, si ce n'est la jeune Kate Bosworth qui a du mal à donner de l'ampleur à son personnage de Loïs Lane (c'est un peu dommage, car sa relation avec Superman a bien changé à cause de son enfant et de son copain).Kevin Spacey est de la sorte égal à lui même, c'est à dire excellent (son numéro de cabotinage en Lex Luthor est succulent), Parker Posey (l'élément comique du film, comme l'ensemble des associés bras cassés de Luthor) est tordante et James Marsden est bien moins fade ici que dans son rôle de Cyclope dans les "X-Men".

    Le scénario, plus élaborée, sombre et sérieux que ses prédécesseurs, est par contre un peu trop simple, même s'il tient en haleine et qu'il est éfficace (quelques rebondissements totalement surprenants...).Il possède également quelques longueurs, ce qui se ressent sur le rythme du film, qui aurait donc dû être amputé d'un bon quart d'heure.Ce n'est pas très génant, mais le film n'en aurait été que meilleur.

    Au final, "Superman Returns" est un divertissement haut de gamme au doux parfum rétro, porté par un esthétisme bluffant, qui n'oublie, ni les moments romantiques mâtinés d'humour toujous bien placé, ni les scènes d'actions incroyables .Un grand moment de cinéma.

    (4G)(5C-John Ottman nous a concocté une partition bien symphonique et héroïque, et a surtout eu, la très bonne idée de conserver le thème mythique de John Williams, composé à l'occasion du premier "Superman".Une très très belle réussite-)

    USA/Couleurs/2005/154'/Warner Bros. France/Visible depuis le 12 juillet 2006.

    La Bande-annonce.

     


  • "Match Point" de Woody Allen ("Manhattan","Harry dans tous ses états"...):

    Synopsis:   Un jeune homme sans fortune donne des cours de tennis à une riche famille londonienne et se retrouve très vite inclus au sein de celle-ci...

    Critique:   Woody Allen signe avec "Match Point", un opus loin de ses conventions dans lequel le cinéaste s'étaient enfermés depuis quelques temps, part d’un postulat frivole et ainsi court-circuite gaiement tous les ponctifs de la comédie romantique molle du genou.Mieux, il furète dans tous les registres, sans exception, et livre son film le plus brillant depuis l'exceptionnel "Harry dans tous ses états".Alors un  événement? Sans aucun doute.

    Se méfier d’emblée du prologue: la métaphore de la balle de tennis qui ripe le filet de jeu est bien sentie (et surtout proleptique).Un dilemme binaire s’impose.Elle peut soit tomber dans le camp adverse (auquel cas on gagne un point) ou alors dans notre camp (ce qui signifie qu’on a perdu) mais il nous est impossible d’influer là-dessus.C’est une métaphore sur la chance, réalisé de la plus belle des façons qu'il soit.Cette scène permet aussi de comprendre que l'auteur va étendre son édifice fictionnel et renouveller son style que ce soit dans le forme ou le fond.Primo en jouant avec son sujet et ses multiples possibilités (le film brasse les mensonges et les trahisons à la manière d'un vaudeville acidulé.Les coïncidences se succèdent, les croisements entre personnages aussi); et, secundo, en faisant appel à tous les registres : du mélodrame à la comédie pure en passant par le vaudeville quand ce n’est pas le thriller voire le fantastique.

    En pleine possession de sa créativité (ce qui en soi s’avère une nouvelle formidable), Woody exploite plus que bien le physique et le regard mystérieux de Jonathan Rhys-Meyer ("Alexandre", "MI:III"...), qui se voit trop souvent relégué aux seconds rôles.Maniant l’ambiguïté comme le doute avec grand brio, l’acteur, rusé et inconfortable, se glisse avec une aisance confondante dans la peau de ce type prétendument ordinaire (double flippant du réalisateur, qui joue habituellement dans ses films ce genre de personnages), partagé certes entre deux amours (la petite amie ou la soeur de son pote) mais soumis à des questionnements existentiels plus complexes que prévus.Si le protagoniste a eu son nouveau job, c’est uniquement grâce au coup de pouce du père de sa copine actuelle.S’il la plaque, il perd tout.La question est alors, que faire???D'ailleurs, tous les protagonistes ont des problèmes avec l’image qu’il véhicule.Tous ne vouent qu’une obsession (la normalité) et veulent se mouler dans le conformisme de leurs sociétés respectifs.Le personnage énigmatique de Scarlett Johansson (passé ombrageux, difficultés à convaincre…) est remarquablement fouillé et constitue une aubaine pour l’actrice qui, peut-être sans s’en rendre compte, génère une tension érotique latente et prolonge la grâce de "Lost in Translation".Comme un pro, Woody met en scène la sensualité de fragments érotiques, d’instants coupables ou volés qui incidemment forment un contrepoint impeccable aux comédies romantiques meringuées et puritaines trop sages.

    Toute la première partie est génialement trompeuse tant le style de Woody est présent.En effet il déploie ses beaux oripeaux avec ses réflexions sur la vie et les femmes, ses répliques ajustées sur fond de blagues Dostodevskiennes et une référence ciné consensuelle à "Carnets de voyage" (film projeté l’an passé en compétition à Cannes et qui d’ailleurs en était revenu injustement bredouille).Bref, passé cette longue exposition qui semble accumuler, mais avec talent, tous les tics et poncifs du cinéma de Woody, la suite contredit rapidement cette impression et instore un mystère obscure. Au gré des rebondissements, le film traite finalement de l’ambiguïté morale et débouche sur un dernier tiers aussi imprévisible que fascinant (surtout pour un Woody) avec un vrai travail formel.Il joue donc avec grande virtuosité sur le terrain du suspense et nous assène encore une fois (comme au début du métrage) d'une métaphore sur la chance (pas toujours donnée à ceux qui la mérite).Sa mise en scène est quand à elle toujours aussi recherchée et posée et chaques plans est d'une rare finesse.

    Un peu comme pour "Million Dollar Baby" où la dernière partie est surprenante, le nouveau Woody Allen sous l’apparent classicisme du sujet, est un objet audacieux et très atypique, qui sacrifie autant à la drôlerie qu’à l’émotion.Preuve que le cinéaste juif new-yorkais (qui ici tourne en Angleterre) a encore des choses à nous dire et à nous raconter, même lorsqu’il ne se met pas en scène.La grande classe.

    (5G)(4C-Divers morceaux classiques-)(4T-compression juste lors des mouvements-)

    Grande Bretagne-USA-Luxembourg/Couleurs/2005/119'/TF1 Vidéo/DVD-9/VF et VO D.D 1.0 et DTS mi-débit mono (une première)/Disponible depuis le 22 juin 2006.