• Casshern(DVD Zone 2 français)

    "Casshern" de Kazuaki Kiriya:

    Synopsis:   Dans un futur utopique dominé par quelques superpuissances perpétuellement en guerre, un savant (Akira Terao) invente un procédé permettant aux cellules de se reconstituer, et donc aux soldats morts à la bataille de revenir à la vie. Mais lorsque l'expérience dégénère, donnant naissance à une nouvelle race de mutants, le commanditaire du projet panique et ordonne que ceux-ci soient éliminés. Les rares rescapés du massacre, plus morts que vifs, parviennent à un château caché dans les montagnes à partir duquel ils lancent une armée de robots sur ceux qui sont désormais leurs ennemis mortels : les Humains. Pour les contrer, l'homme responsable de leur création fait subir le même traitement à Tetsuya, son fils mort au combat. Nanti de pouvoirs surhumains et d'une armure qui empêche son corps de se désagréger, Tetsuya part à la rencontre des mutants alors qu'autour de lui, les hommes continuent de s'entre-déchirer. Un nouveau héros est né : Casshern...

    Critique:   "Casshern" est un film remarquable, de part le fait, que c'est un film "live" qui a le goût et l'odeur d'un film d'animation, mais aussi parce que son scénario, très ambicieux, est d'une audace affolante.

    Tout d'abord le film possède un visuel à la réussite indéniable (le design steampunk/manga touche au jamais vu dans un long métrage).Kazuaki Kiriya, dont c'est le premier film, n'est pas que le réalisateur, il signe également sur son métrage, la photographie, le montage (le scénario aussi, mais nous y reviendrons plus tard), et créé un style visuel absolument unique, qui n'a jamais été vu auparavant (comme quoi le cinéma peut encore surprendre, visuellement parlant).La photographie est ainsi l'une des plus belles et audacieuse qui m'est été donné de voir sur grand écran.L'on retrouve entre autres des séquences entières avec un effet de flou "vertical", du noir et blanc granuleux (lors des flash-backs, mais pas uniquement), des couleurs extrèmement saturés, j'en passe et des meilleurs.

    Le réalisateur a également eu la bonne idée de mélanger plusieurs techniques d'animations, comme des dessins et des scènes (très courtes) en patte à modeler, qui, s'intègrent parfaitement au reste, tant visuellement que narrativement.L'ensemble de la réalisation n'est pas en reste, les prises de vue sont très recherchés (certaines donnent le vertige de part leurs profondeurs), les mouvements de caméra très nombreux (tous le film presque) sont impressionnants (travellings rotatifs) et le montage (très cut parfois, mais c'est recherché) qui alterne ralentis, accélérés et effets très manga derrière les protagonistes, rend le tout, tout à fait cohérent.Vous l'aurez donc compris, sur un plan visuel, "Casshern" est d'une perfection esthétique rare.D'un point de vue strictement formel, le film est une parfaite réussite.Kiriya arrive ainsi à utiliser toutes les ressources de l'imagerie numérique avec très grand brio, mais, de plus, la direction artistique est époustouflante, et l'on a plus d'une fois l'impression d'assister à un rêve éveillé (les images sont d'un symbolisme rarement atteint, même dans les mangas).

    Ce sentiment est renforcé par la partition somptueusement hypnotique (et toujours omniprésente) de Sagisu Shiromusique, qui tutoie l'excellence à plusieurs reprises (le thème principal ne quittera jamais votre esprit).Il est par contre, un peu dommage que cette musique hors du commun, laisse de temps à autres sa place à du métal/techno (pendant les scènes d'actions), d'un très bon niveau c'est vrai (particulièrement rythmé et entrainant), mais un peu en déça du reste.La musique dégage ainsi, une émotion prodigieuse, quand elle n'est pas là pour marier l'action qui se déroule devant nos yeux.

    Justement, soit dit en passant, les scènes d'action sont gigantesques (c'est vraiment du jamais vu) et ne sont là que pour appuyer le propos et donc le scénario (d'une très grande audace, mais nous y reviendrons).Certaines séquences sont de la sorte, directement anthologique, à l'instar de celle-ci où Tetsuya / Casshern décime une armée de robots à lui tout seul dans un déchaînement visuel seulement égalé par la furie de la chorégraphie.Le final apocalyptique et monumental, n'est d'aillleurs pas sans nous rappeler le formidable final de "Appleseed".Toutes ces scènes d'actions sont d'un dynamisme qui forcent le respect.

    Les acteurs, d'un bon niveau global, même si parfois un peu fade, sont en véritables osmoses avec leur rôle (le leader des mutants est d'un charisme ravageur) et font passer une très grande émotion, ce qui, avec l'alliance des images mélancoliques et de la musique prodigieuse, fait que le film est très souvent bouleversants (trois scènes sortent du lot: -lorsque les mutants découvrent le chateau -la scène entre Luna et Casshern après son affrontement contre les robots et le leader des mutants -la fin).

    Vous auriez pu croire, mais à tord, qu'un film aussi visuel serait creux d'un point de vue scénaristique.Mais comme expliqué plus haut, le film ne se limite pas à une suite de belles images entre deux scènes (énormes et inoubliables) d'action : le scénario, très ambitieux, brasse quantité d'idées et de thèmes différents, qui seront difficiles à comprendre et à suivre de part son foisonnement.

    En effet, le scénario est très dense (le film dure tout de même 2h21), et brasse enre autres, des références telles que la créature de Frankenstein (les mutants), la culture celtique (une référence certaine au chaudron de Dagda qui ressuscite les morts), la filiation, la mort...Certains pourront penser que de temps à autres des trous narratifs sont présents, pourtant il n'en est rien, et l'on peut y voir à plus d'une reprise la main de dieu.Explications (-Attention Spoiler-): l'eclair qui permet de faire revivre les morts est un coup de pouce certain de "Casshern", le nom du dieu protecteur dans le film (pas le héros attention) , le chateau donné aux mutants est également un présent de ce dieu.L'on peut ainsi comprendre, que "Casshern" ayant abandonné ses humains, à cause de leurs bétises pendant la guerre, désire aider ces mutants, pour remettre de l'ordre dans ce monde.Mais il interviens à d'autres moments et avec d'autres personnes pour réaliser ses désirs...(je m'arrète là pour ne pas trop spoiler).

    Le traitement des personnages est également profondément réussi, refusant tout manichéisme idiot.Brai, le méchant en chef dont le but est tout de même d'éliminer les Humains de la surface de la terre, veut en fait tout simplement supprimer la guerre. Ses lieutenants, même s'ils ont peu de scènes, ne sont pas de simples pantins et ont un background assez construit. Le personnage du père de Casshern foncièrement bon, a des méthodes douteuses.Casshern lui-même a un passé pour le moins ténébreux...C'est tellement rare, que cela devait être dit.

    Au final ce manga-live visuellement hors du commun, est un pur chef-d'oeuvre, mélancolique et profondément bouleversant, à ranger au côté des autres chef-d'oeuvres de la science-fiction que sont "Metropolis", "2001, l'odyssée de l'espace" et "Blade Runner".La patte "Casshern" ne quittera jamais notre mémoire.

    (5G)(5C-Sagisu Shiro-)(4T-le rendu de la photographie vraiment difficile n'est pas toujours au top-)


    Japon/Couleurs,NB,Sepia/2004/142'/StudioCanal Video-Universal Music/1 DVD-9 et 1 DVD-5/VF D.D 5.1 EX; VO D.D 5.1 EX et DTS ES Matrix mi-débit/Disponible depuis le 10 juillet 2006.

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