• Match Point(DVD Zone 2 français)

    "Match Point" de Woody Allen ("Manhattan","Harry dans tous ses états"...):

    Synopsis:   Un jeune homme sans fortune donne des cours de tennis à une riche famille londonienne et se retrouve très vite inclus au sein de celle-ci...

    Critique:   Woody Allen signe avec "Match Point", un opus loin de ses conventions dans lequel le cinéaste s'étaient enfermés depuis quelques temps, part d’un postulat frivole et ainsi court-circuite gaiement tous les ponctifs de la comédie romantique molle du genou.Mieux, il furète dans tous les registres, sans exception, et livre son film le plus brillant depuis l'exceptionnel "Harry dans tous ses états".Alors un  événement? Sans aucun doute.

    Se méfier d’emblée du prologue: la métaphore de la balle de tennis qui ripe le filet de jeu est bien sentie (et surtout proleptique).Un dilemme binaire s’impose.Elle peut soit tomber dans le camp adverse (auquel cas on gagne un point) ou alors dans notre camp (ce qui signifie qu’on a perdu) mais il nous est impossible d’influer là-dessus.C’est une métaphore sur la chance, réalisé de la plus belle des façons qu'il soit.Cette scène permet aussi de comprendre que l'auteur va étendre son édifice fictionnel et renouveller son style que ce soit dans le forme ou le fond.Primo en jouant avec son sujet et ses multiples possibilités (le film brasse les mensonges et les trahisons à la manière d'un vaudeville acidulé.Les coïncidences se succèdent, les croisements entre personnages aussi); et, secundo, en faisant appel à tous les registres : du mélodrame à la comédie pure en passant par le vaudeville quand ce n’est pas le thriller voire le fantastique.

    En pleine possession de sa créativité (ce qui en soi s’avère une nouvelle formidable), Woody exploite plus que bien le physique et le regard mystérieux de Jonathan Rhys-Meyer ("Alexandre", "MI:III"...), qui se voit trop souvent relégué aux seconds rôles.Maniant l’ambiguïté comme le doute avec grand brio, l’acteur, rusé et inconfortable, se glisse avec une aisance confondante dans la peau de ce type prétendument ordinaire (double flippant du réalisateur, qui joue habituellement dans ses films ce genre de personnages), partagé certes entre deux amours (la petite amie ou la soeur de son pote) mais soumis à des questionnements existentiels plus complexes que prévus.Si le protagoniste a eu son nouveau job, c’est uniquement grâce au coup de pouce du père de sa copine actuelle.S’il la plaque, il perd tout.La question est alors, que faire???D'ailleurs, tous les protagonistes ont des problèmes avec l’image qu’il véhicule.Tous ne vouent qu’une obsession (la normalité) et veulent se mouler dans le conformisme de leurs sociétés respectifs.Le personnage énigmatique de Scarlett Johansson (passé ombrageux, difficultés à convaincre…) est remarquablement fouillé et constitue une aubaine pour l’actrice qui, peut-être sans s’en rendre compte, génère une tension érotique latente et prolonge la grâce de "Lost in Translation".Comme un pro, Woody met en scène la sensualité de fragments érotiques, d’instants coupables ou volés qui incidemment forment un contrepoint impeccable aux comédies romantiques meringuées et puritaines trop sages.

    Toute la première partie est génialement trompeuse tant le style de Woody est présent.En effet il déploie ses beaux oripeaux avec ses réflexions sur la vie et les femmes, ses répliques ajustées sur fond de blagues Dostodevskiennes et une référence ciné consensuelle à "Carnets de voyage" (film projeté l’an passé en compétition à Cannes et qui d’ailleurs en était revenu injustement bredouille).Bref, passé cette longue exposition qui semble accumuler, mais avec talent, tous les tics et poncifs du cinéma de Woody, la suite contredit rapidement cette impression et instore un mystère obscure. Au gré des rebondissements, le film traite finalement de l’ambiguïté morale et débouche sur un dernier tiers aussi imprévisible que fascinant (surtout pour un Woody) avec un vrai travail formel.Il joue donc avec grande virtuosité sur le terrain du suspense et nous assène encore une fois (comme au début du métrage) d'une métaphore sur la chance (pas toujours donnée à ceux qui la mérite).Sa mise en scène est quand à elle toujours aussi recherchée et posée et chaques plans est d'une rare finesse.

    Un peu comme pour "Million Dollar Baby" où la dernière partie est surprenante, le nouveau Woody Allen sous l’apparent classicisme du sujet, est un objet audacieux et très atypique, qui sacrifie autant à la drôlerie qu’à l’émotion.Preuve que le cinéaste juif new-yorkais (qui ici tourne en Angleterre) a encore des choses à nous dire et à nous raconter, même lorsqu’il ne se met pas en scène.La grande classe.

    (5G)(4C-Divers morceaux classiques-)(4T-compression juste lors des mouvements-)

    Grande Bretagne-USA-Luxembourg/Couleurs/2005/119'/TF1 Vidéo/DVD-9/VF et VO D.D 1.0 et DTS mi-débit mono (une première)/Disponible depuis le 22 juin 2006.

     

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